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Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen
Vue de l'exposition: Luc Ewen

«...La photographie de Luc Ewen est une photographie d’Histoire. Hors de l’Histoire. Mais pas sans histoires...» Marie-Anne Lorgé

L’artiste Luc Ewen, du Grand-Duché de Luxembourg, expose à l’Orangerie quelques-unes de ses photographies caractéristiques et significatives pour les différents projets qui ont marqué sa carrière. Dans le même temps, il propose une nouvelle installation particulière de photographies pour la rotonde du Centre d’art contemporain de Bastogne. Il serait sans doute trop facile d’affirmer que Luc Ewen occupe une place à part dans la photographie luxembourgeoise. Dans ce milieu plutôt fermé, le souci de distinction est en effet partagé par tout le monde, y compris ceux qui risquent de confondre ambition et prétention. Ici il y a ceux qui pensent que l’art surgit quelque part entre la douloureuse expérience de la prise de vue et le long supplice chimique dans la chambre noire, car l’art de la photographie, à n’en pas douter, est aussi dur que pur. Le noir et blanc techniquement parfait est alors à coup sur l’apanage des vrais créateurs, tandis que la couleur est réservée aux quelques rares farfelus de génie. Il est cependant permis, en laissant de côté toute ironie, de mettre en doute ces trop bonnes intentions. Si on a vraiment senti le caractère crispé de toute cette photographie de qualité, à la surface lisse et terne, on ne peut être que plus réceptif aux images que créé un Luc Ewen avec une désinvolture et indépendance et, disons-le, une indécence qui dépasse heureusement les bornes artificielles qui séparent encore les disciplines artistiques.

L’art est bâtard ou n’est pas, tant il est vrai que l’eugénisme est néfaste et que la pureté est une tromperie. En intervenant sur la photo, en modifiant le négatif ou le positif par des moyens chimiques, techniques ou plastiques, Luc Ewen révèle la vraie nature de sa photographie. En d’autres mots, sans l’intervention, l’image n’existe pas. Ou encore autrement: la modification est le motif de la prise de vue dans un sens double qu’elle constitue le thème de l’image. Ce qui suppose, on s’en doute, un choix très précis au niveau de la prise de vue. Ainsi le rôle du hasard est considérablement moins important qu’on ne serait tenté de croire.

Mais si l’on sait que Luc Ewen se refuse à intervenir sur une image qu’il n’a pas créée lui-même, on mesure aussi l’importance primordiale que revêt pour lui la prise de vue. L’autodétermination de l’artiste est extrêmement prévoyante et il n’est pas étonnant dès lors que le temps se situe au centre de l’oeuvre de Luc Ewen. Le temps personnel surtout, celui que ses autoportraits veulent retrouver dans les limbes d’une mémoire qui reste présente dans son effacement même. Luc Ewen découpe des parcelles dans le temps et tente de la réanimer, de lui

insuffler une seconde vie esthétique. La modification s’élève en métamorphose, les hantises se muent en visions et le masque de l’apparence extérieure se transforme en miroir de passage. François Olivieri