Body
Sans titre, écran de sérigraphie, 40 X 50 cm, 2020
Sans titre, ektachrome, 80 x 80 cm, 2020
Sans titre, photographie, dimensions variables, 2020
"still" d'une vidéo qui fait partie du "black rock project"
Sans titre, fonte d'aluminium, 120 x 90 cm, 2021
Vue de l'exposition
Vue de l'exposition
Vue de l'exposition
Vue de l'exposition

Ce projet, partiellement défini, nous rassemble autour de thématiques variées, qui nous sont chères: le (dé-)cloisonnement, la servitude volontaire, l'évasion; autant de questionnements que nous développons par le biais de nos médiums respectifs parfois de manières frontale et/ou réaliste, parfois de manière plus subtile, plus abstraite. Denis Mahin collabore avec des rats sous la bienveillance d'un fonctionnaire de la haute finance; Jean-Philippe Tromme réalise des sculptures en fondant «tout et rien» en aluminium pour confondre les genres. Francois Goffin capture des images hybrides glanées au cours de ces voyages. Louise Herlemont confronte des images d’animaux évadés qui errent dans les rues à la manière de marginaux pour révéler les failles d’un système. Et enfin, Armand Quetsch photographie la beauté et des équivalences émotionnelles (paysages intérieurs) dans l’apparente simplicité de la nature qui l’entoure et qu’il parcourt quotidiennement - sorte de pratique thérapeutique.

Nous avons imaginé cette exposition comme un tout, comme un film dans lequel les créations s'enchevêtrent. En utilisant l'analogie au «fondu enchaîné», nous opérons des glissements, les réalisations de l'un sont invitées dans la création de l'autre. Des éléments s'échappent pour se perdre dans un médium différent. Les Photographies d'Armand Quetsch peuvent servir de décor à la manufacture des rats de Denis Mahin, les plaques d'aluminium de Jean-Philippe Tromme flotter dans une image de François Goffin... Dès lors, l'exposition s'envisage dans sa globalité et acquiert une dimension ludique. 

Le collectif Noema propose à l’Orangerie un micro-monde, qui rappelle étrangement le nôtre. Le visiteur est directement attiré par les petites machineries un peu sales, un peu dysfonctionnelles, développées par Denis Mahin. La poussière et la terre des usines désaffectées de Boch prend le dessus. Avec une observation attentive, s’y découvre une imbrication de sculptures de Jean-Philippe Tromme, qui s’intègrent très bien à ces constructions, aux allures franchement post-naturelles. De là émergent les vidéos de Louise Herlemont présentant des animaux, qui tentent tant bien que mal de s’enfuir de ce système. En échos, la lumière de la pièce est en partie filtrée par les cadres de sérigraphie. On s’aperçoit ensuite que les machines sont habitées et transformées par des rats, en collaboration avec Mahin. A côté trône fièrement Jean-François Cirelli dont les secrets de Blackrock sont bien cachés au sein de l’Orangerie. Quoique, la fumée s’en dégage et risque de compromettre le repaire. D’autres travaux, de Armand Quetsch et François Goffin, entre autres, sont posés à même le sol contre le mur, ou collés sur celui-ci. Ils soutiennent le microcosme par une certaine image de la nature, plus poétique, plus introspective. Ils interagissent entre eux, en partie par la force de l’exposition et de la mise en scène.

Des liens se créent au cours de la déambulation à travers l’espace. Ces liens sont subjectifs et variables. Le concept du collectif est en processus de développement. Il reste à voir si leur collaboration s’oriente vers une œuvre indiscernable et indissociable, ou s’ils désirent se plonger dans une mise en espace toujours plus entrelacée, tel que Dada à Berlin. La question demeure : à partir de quand peut-on concevoir une œuvre comme collective ? Hélène Jacques, historienne de l'art

A la faveur du collectif Noema, quelques artistes ont à coeur de se retrouver pour exprimer ensemble autre chose que ce qu’ils créent chacun individuellement. Ce qui les mène à la rencontre , c’est cette conviction partagée que l’art, pour exister, pour respirer, pour agir, doit rejoindre les vivants au plus proche de leur quotidien, privé ou public. C’est la certitude qu’ils ont que leur travail n’a de sens que s’il est prétexte au trait d’union comme au point d’interrogation. Placé dans l’espace public, il devient levier d’un questionnement sur l’état du monde, sur l’intimité profonde de chacun.e, et, du même coup, ils sont les tremplins vers l’imaginaire, vers l’utopie d’un monde meilleur. Un monde meilleur intérieur. Un monde meilleur extérieur. En clair, il stimule la conscience éthique et politique que chacun.e de nous porte, à des degrés d’éveil plus ou moins intense. Marie-Eve Marechal