Peindre, dessiner, sculpter, assembler, transgresser les codes et déconstruire les formes.
Nous avons découvert le travail de Jim Peiffer en 2021, par l'intermédiaire d'Arlette Klein et Bernard Ceysson lors de Luxembourg Art Week. Jim Peiffer (1987°), diplômé de l'atelier de dessin de L'ENSAV La Cambre, vit et travaille au Luxembourg. Il est représenté par la Galerie Reuter Bausch. Artiste peintre à la production massive et débordante, il peint sur toiles et tous supports avec de multiples médiums comme l'acrylique, la bombe aérosol, le bic ou encore le feutre. Il compose également à l'aide d'objets de récupérations des assemblages tridimensionnels présentés sous forme de sculptures ou d'installations. En parallèle, Jim Peiffer a une production quotidienne de dessins dans des carnets et sur papier.
Le vernissage aura lieu le jeudi 12 décembre à 18h30.
Nouvelle adresse : Pôle Culture, Place en Piconrue 2, 6600 Bastogne.
Jim Peiffer est un artiste peintre dont l’œuvre interroge en profondeur notre vision du monde, nos rêves et nos fantasmes. A travers ses représentations foisonnantes et généreuses, il nous invite dans des mondes imaginaires, baroques et monumentaux. Ses paysages apocalyptiques, peuplés de créatures hybrides et figures totémiques, nous plongent dans un voyage introspectif et souligne nos inquiétudes face à notre environnement.
L’exposition Faire et refaire des mondes pour se délivrer du Monde nous immerge dans l’imaginaire captivant de Jim Peiffer, où l’acte de peindre devient un moyen d’évasion des contraintes quotidiennes tout en interrogeant notre place au sein de celles-ci.
A travers une approche singulière, Jim Peiffer nous incite à réfléchir sur notre perception, interpelant notre rapport à la réalité. Ses toiles se distinguent par une richesse de références, tant à l’histoire des civilisations, qu’à celles de l’histoire de l’art et à nos cultures contemporaines. Elles nous confrontent à des paysages à la fois familiers et étranges où l’artiste se joue des codes de manière parfois inconsciente, révélant ainsi une grande liberté créative. Jim Peiffer, nous entraine dans des univers où rêves et réalités se confondent, et nous invite à prendre le temps de questionner notre regard.
A travers cette exposition, Jim Peiffer nous fait réfléchir à notre rapport au monde. Il nous encourage à faire et refaire nos mondes et nous sollicite à déconstruire nos perceptions tout en en projetant d’autres.
Par son travail singulier, Jim Peiffer nous rappelle que créer est avant tout un acte de résistance et d’émancipation, peut-être un moyen de se réapproprier ce monde, et l’enchanter ?
Gauthier Pierson, commissaire d'exposition
D’emblée, l’oeuvre de Jim Peiffer percute grâce à son intensité de couleurs, de formes, de supports récupérés. Son travail marqué par la profusion et l’urgence de créer, est respecté et mis en valeur dans l’exposition. A l’entrée, la mise en scène de ses sculptures, peintures et assemblages accueille le spectateur avec une grande intensité de présence. Certaines oeuvres sont posées au sol, parfois entre les portes, d’autres sont suspendues au plafond, s’accumulant, évoquant une installation inachevée, voire un entassement d’atelier. Au bout de ce couloir attendent quatre sculptures disposées en rang, composées de matériaux récupérés. Elles accueillent le spectateur frontalement, directement et installent une angoisse très intense dès l’entrée.
L’ensemble de son travail exposé semble en inadéquation avec cet espace fraichement inauguré, blanc et baigné de lumière artificielle. Serait-ce le reflet d’une difficulté d’adaptation de l’énergie de l’artiste dans cette société, ou dans un monde de l’art qui se veut neutre? Ou l’incapacité de ce monde de l’art à représenter la création dans toute sa puissance et dans toutes ses composantes? Serait-ce à nouveau signe de ce passage du lieu de création et premier lieu de présentation vers la confrontation au public? Il ne s’agit pas ici de juger ce nouvel espace, qui met en contraste ou en lumière les difficultés et les questionnements plus globaux de la monstration. Comment montrer le travail empreint d’une telle urgence et d’une telle intensité? La question n’est point évitée et même posée, dès l’entrée, jusqu’aux vitrines présentant des pages ouvertes de ses carnets.
L’angoisse profonde se propage au travers de puissants contrastes de couleur vives, voire fluo, projetées à la bombe de peinture ou appliquées à coups frénétiques, sur la toile et sur les autres supports. Les fonds parfois d’un bleu clair et vif sont habités de personnages sombres et torturés. Les masques africains hurlant font place à des têtes de mort décharnées, déformées. Les bouches se multiplient et hurlent dans l’espace, les lèvres proéminentes projetant le cri vers l’avant.
L’ambiance globale de l’oeuvre est dominée par des formes urbaines, évoquant les street artists des années 80 en Amérique, dans la sphère afro-américaine, mais aussi des formes africaines traditionnelles, rappelant les influences des grands artistes modernes. L’ouverture de l’exposition secoue le paysage de Bastogne. La question centrale se pose aussi sur les inspirations, les influences et le contexte de l’artiste, qu’elles soient directes ou plus indirectes. Cette sphère d’influence est-elle issue d’une vie passée et regrettée d’une ville bruyante et cosmopolite, ou est-ce plus largement une réponse à un monde très oppressant, trop rapide et très dense, parmi d’autres raisons multiples et plus complexes? Les inspirations modernes de signes et de formes africains sont mis à jour dans un contexte largement différent, mais qui porte un regard nouveau et actif sur cette appropriation moderne. Quelles sont ses intentions par son appropriation personnelle de ces formes et de ces signes lourds de sens?
Hélène Jacques
Painting, drawing, sculpting, assembling, transgressing codes and deconstructing forms.
We discovered Jim Peiffer‘s work through Arlette Klein and Bernard Ceysson in 2021 at Luxembourg Art Week. Jim Peiffer (born 1987), a graduate of the drawing workshop at ENSAV La Cambre, lives and works in Luxembourg. He is represented by Galerie Reuter Bausch. A painter with a massive and overflowing output, he paints on canvas and various supports using multiple mediums such as acrylics, spray paint, ballpoint pens and felt-tip markers. He also composes three-dimensional assemblages using found objects, presented as sculptures or installations. In parallel, Jim Peiffer maintains a daily practice of drawing in sketchbooks and on paper.
The preview will take place on Thursday 12 December at 6.30pm.
New address: Pôle Culture, Place en Piconrue 2, 6600 Bastogne.
Jim Peiffer is a painter whose work profoundly questions our vision of the world, our dreams, and our fantasies. Through his abundant and generous representations, he invites us into imaginary, baroque, and monumental worlds. His apocalyptic landscapes, populated by hybrid creatures and totemic figures, plunge us into an introspective journey and highlight our anxieties regarding our environment.
The exhibition Creating and recreating worlds to free oneself from the World immerses us in the captivating imagination of Jim Peiffer, where the act of painting becomes a means of escape from daily constraints while questioning our place within them. Through a unique approach, Jim Peiffer encourages us to reflect on our perception, challenging our relationship with reality. His canvases stand out for their richness of references, drawing from the histories of civilizations, the history of art, and our contemporary cultures. They confront us with landscapes that are both familiar and strange, where the artist playfully bends the codes, sometimes unconsciously, thus revealing a great creative freedom.
Jim Peiffer leads us into universes where dreams and realities intertwine, inviting us to take the time to question our gaze. Through this exhibition, Jim Peiffer prompts us to reflect on our relationship with the world. He encourages us to create and recreate our worlds and urges us to deconstruct our perceptions while projecting new ones. Through his singular work, Jim Peiffer reminds us that creating is above all an act of resistance and emancipation, perhaps a means of reclaiming this world and enchanting it.
Gauthier Pierson, exhibition curator
Jim Peiffer's work is immediately striking, with its intensity of colour, form and recycled materials. His work, marked by profusion and the urgency to create, is respected and highlighted in the exhibition. At the entrance, the display of his sculptures, paintings and assemblages greets the viewer with an intensity of presence. Some of the works are placed on the floor, sometimes between the doors, while others hang from the ceiling, accumulating, evoking an unfinished installation, or even a studio heap. At the end of the corridor are four sculptures, arranged in a row and made from recycled materials. They greet the viewer head-on, directly, and create a very intense sense of anxiety from the moment they enter.
The body of work on display seems at odds with this newly inaugurated space, which is white and bathed in artificial light. Could this reflect a difficulty in adapting the artist's energy to this society, or to an art world that claims to be neutral? Or the inability of the art world to represent creation in all its power and all its components? Could this be another sign of the shift from the place of creation and first and foremost the place of presentation to the place of confrontation with the public? The point here is not to judge this new space, which contrasts with or highlights the more general difficulties and questions surrounding display. How can work characterised by such urgency and intensity be shown? The question is not avoided - indeed, it is asked right from the entrance, right up to the display cases showing open pages from his sketchbooks.
The deep anguish is conveyed through powerful contrasts of bright, even fluorescent colours, sprayed or applied in frenzied strokes to the canvas and other surfaces. The sometimes bright blue backgrounds are inhabited by dark, tortured characters. Screaming African masks give way to emaciated, deformed skulls. Mouths multiply and scream into space, their prominent lips projecting the scream forward.
The overall mood of the work is dominated by urban forms, reminiscent of the street artists of the 80s in America, in the Afro-American sphere, but also traditional African forms, recalling the influences of the great modern artists. The opening of the exhibition shakes up the landscape of Bastogne. The central question also concerns the artist's inspirations, influences and context, whether direct or more indirect. Does this sphere of influence stem from a past life in a noisy, cosmopolitan city, or is it more broadly a response to a world that is very oppressive, too fast-paced and very dense, among other multiple and more complex reasons? The modern inspirations of African signs and forms are brought to light in a context that is very different, but that takes a new and active look at this modern appropriation. What are his intentions in his personal appropriation of these meaningful forms and signs?
Hélène Jacques