Body
Stomach Cave
Ah... l'amour 2008
Thomas Israël
Vidéo
Nathalie Amand
Photographie
Dorothée Van Biesen
textile
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Stomach Cave
Gisant
Cœur érotique

Cette exposition, dans le cadre de Ah…l’amour !, porte comme titre « Corps sensibles » et présente des artistes qui mènent une réflexion sur l’humain, le rapport intime à l’autre, la sensualité et par-delà, la disparition, la mort: Eros /Thanatos.

Nathalie Amand est photographe et présente à travers des images monumentales de personnages nus en noir et blanc un travail sur le cycle de la vie en rapport avec les quatre éléments que sont la terre, l’air, l’eau et le feu.

Dorothée Van Biesen propose un travail de broderie sur le corps, son fonctionnement, bien loin des stéréotypes de cet « ouvrage pour dames ».

Thomas Israël, dans une vidéo qui s’appelle « Stomach Cave » , joue avec l’apparition et la disparition d’une image de corps de femme, plaisir enfantin de l’objet interdit.

Par ces images, ces objets et ces dispositifs, nous espérons susciter la réflexion sur des expériences artistiques, vous faire éprouver des sensations contradictoires, jeter un regard décalé sur nous-mêmes. Willy Dory, commissaire de l'exposition

 

Nathalie Amand, photographies: Le dissimulé et le dévoilé

Dans la vie, chacun passe son temps à vaciller entre le fait de se montrer et de se cacher, entre le dire et les non-dits. Nos apparences dissimulent souvent notre vraie nature même si, souvent, nos gestes nous trahissent. Le vêtement est là pour jouer un jeu subtil de séduction entre ce qui est montré et ce qui est caché, dans la mesure où le désir naît à la fois de ce qui apparaît et de ce qu’on imagine derrière ce qui est camouflé.

Le travail photographique de Nathalie Amand se penche sur les rapports complexes existant entre ce qui est visible et ce qui est voilé. Les locaux de l’ancien hôpital militaire de Tournai, avant d’être abandonnés, ont connu une activité humaine intense. Il ne reste de cela que murs, gravats, poussière. Et des façons particulières et fluctuantes pour la lumière de visiter ces endroits désormais déserts mais hantés par les souvenirs de ce qui s’y est passé.

Cette visibilité lumineuse, qui oscille elle-même entre obscurité, pénombre et clarté, Nathalie Amand a voulu qu’elle traduise simultanément la trace pétrifiée de la vie passée et la présence imperceptible qui persiste malgré la désertion des lieux. Elle y parvient en saisissant les mouvements d’un tissu de tulle sous les souffles des courants d’air, sous les agitations d’un corps ou d’une main. Résultat : au beau milieu de l’architecture figée dans son rôle de témoin archéologique, l’apparition floue, incertaine, impalpable d’une vie indéfinie mais discernable.

Comme les spirites, mais sans avoir besoin de faire tourner des tables, la photographe matérialise ce qui était escamoté ou refoulé. Comme un psychanalyste aidant à l’exploration du subconscient, elle fait remonter à la perception ce qui était enfoui au creux de la mémoire.

La démarche se poursuit à travers sa production récente. Nathalie Amand y révèle le cycle de la vie. Prenant pour base les célèbres quatre éléments de la philosophie grecque antique (eau, air, terre, feu), elle traduit le destin des humains au moyen de quelques photos monumentales. Le parcours mène de la nudité de la naissance à l’ensevelissement du corps sous le linceul. Il va de l’anatomie sans apprêt d’Adam et de Eve, puis de l’anatomie du couple, celui qui engendrera à son tour d’autres êtres.

Le nu est une constante dans l’histoire de l’art dans toutes les civilisations. Il a connu toutes les métamorphoses, du religieux au profane, du symbolique au pornographique, de l’allégorique au didactique. Amand s’en souvient. Elle donne à ses chairs des références qui rappellent aussi bien Cranach que les frères Van Eyck. Mais elle ramène aussi à ce que nous connaissons de la morgue et de l’autopsie grâce aux films policiers. L’utilisation du noir et blanc permet sans doute ce passage aisé d’une image de vivant à celle de cadavre. Elle permet également le doute : sont-ils assoupis ? sont-ils trépassés ?

Les emprunts historiques ne s’arrêtent pas là. La manière dont les personnages ont été filmés est préconçue. Lorsqu’ils sont dévêtus, ils semblent se montrent sans apprêt, n’ayant rien à cacher. Illusion cependant car les visages ne s’offrent quasi jamais tels quels. Ils sont soit tournés ne montrant qu’un profil, soit étirés vers l’arrière laissant une part du faciès dans le flou, soit ils s’effacent dans le nébuleux.

Leur attitude de gisant (autre référent au passé) se concrétise dans un cliché où la personne, escamotée derrière un voile, s’éclipse. Mais là encore, le visible laisse percer l’invisible : les formes corporelles se devinent. Et (référence supplémentaire), ce corps donne l’impression de la lévitation qui s’empare de certains saints ou de la Vierge Marie dans la peinture d’autrefois ; les plis du tissu remémorent Mantegna, Rubens, Dürer…

L’art, une fois encore, est réflexion sur nous, sur notre passé et notre présent. Il nous invite à nous pencher sur notre condition.

Les gisants

Résultat de rituels personnels pratiqués en duo avec un appareil photo, les images échafaudées par Nathalie Amand traduisent une pensée et une sensibilité davantage qu’un être, un lieu ou un objet. Elles sont souvent, sous le prétexte du corps,  réflexion au sujet du temps volatil ou figé, de la présence ou de l’absence.

Les nus actuels de la photographe pourraient être des gisants. Elles ont plutôt un rapport très criant avec l’histoire de l’art sacré : ces femmes et ces hommes se dressent verticalement comme des personnages religieux d’autrefois en assomption, en lévitation.  Le voile qui dissimule ou révèle les rend universels en empêchant toute identification.  Les restitue  à la fois en vision mystique et en évocation érotique, en substances charnelles confrontées aux quatre éléments primitifs de l’eau, de la terre, du feu et de l’air. Michel VOITURIER

Thomas Israël, création vidéo: Stomach Cave, installation vidéo,  5'25" en boucle

 Dans un flux et reflux étrange, invitant à la contemplation, un corps de femme apparaît du néant puis disparaît. En plus du plaisir enfantin de l’apparition de l’objet interdit, la distorsion du temps permet à l’image de délivrer tout son suc.

Thomas Israël conçoit et met en scène ses premiers spectacles centrés sur des créations contemporaines pluridisciplinaires, parallèlement à sa carrière d’acteur. C’est ainsi qu’il aborde pour la première fois la création vidéo. S’en suivront une formation intensive en montage vidéo et la création de Horizon TröM (2005), projet dans lequel installations vidéo, vidéos interactives, installations sonores, danse, performances d’acteurs furent autant de portes d’entrée vers le rapport à nos morts.

Depuis, il continue à nous proposer au travers d’installations vidéo des lieux de réflexion, parenthèses au monde où les sensations et les émotions, sont permises, décuplées. Là où la logique rationnelle ne suffit pas, les associations libres permettent à l'inconscient de se frayer un chemin.

Dans ses installations vidéo interactives, Thomas Israël place le visiteur au coeur de l'œuvre. La présence et la participation de ce dernier feront évoluer son travail par un jeu d'interactivité discrète. L'oeuvre échappe à l’artiste devient celle du spectateur tant que celui-ci se trouvera dans l’espace crée par l’artiste.

Les thèmes du  sexe, de la mort,  de la vie urbaine technologique sont ainsi abordés par Thomas Israël.  Des expériences à vivre, vécues dans nos sociétés occidentales.

En mars 2006 in créa ses premières sculptures vidéo interactives à la Jozsa Gallery, en novembre 2006 il fut l’artiste central du festival Transnnumériques à Paris, Bruxelles, Mons et Maubeuge et en octobre 2006 il a présenté une de ses vidéos au MoMA à N-Y.

Deux nouvelles exposition à Shanghai et Valence sont prévues pour l’automne 2007

Dorothée Van Biesen, créations textiles

Dorothée Van Biesen se forme en Tapisserie et Création textile à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles puis approfondit sa formation par un stage de Dentelle contemporaine à l’Académie d’été de Libramont.

Depuis 2003, elle expose, seule ou en collectivité, de Paris à Bruxelles, en passant par le LuxembourgLes livres d’anatomie, les parutions de Mode ainsi que les magasines pornographiques ont toujours étés pour elle des «  coffres à trésors ».

Dorothée a choisi de donner à ses pièces une esthétique décorative qui pourrait être qualifiée de féminine et douce, dans le but de contrecarrer le côté parfois heurtant de l’imagerie pornographique et la froideur des schémas anatomiques.

La broderie en elle-même participe déjà à ce processus, elle qui est immanquablement associée à l’idée d’ouvrage de dame parfois même considérée comme un [art domestique] et donc accessible à tous. A première vue ses pièces se veulent attirantes, clinquantes et ne dévoilent leurs sujets qu’à une lecture approfondie.