Durant l’été et l’automne 2008, à l’initiative de la Ville de Bastogne et du Centre culturel Sol Pavêye, avec le concours de l'Orangerie, espace d'art contemporain, Annie Palisot présente un parcours de sculptures en petit granit dans les rues du Quartier Latin. Ce circuit se veut la découverte de l’œuvre d’une sculptrice de grand talent tout en déambulant dans le Quartier Latin. D’année en année, ce quartier s’affirme comme le pôle culturel de Bastogne avec son cinéma L’Ecran, la Maison des légendes, le Musée en Piconrue, la salle Jean XXIII, la Maison des jeunes, la Galerie Leukos, le Centre culturel Sol Pavêye
Ce quartier possède également les plus beaux monuments architecturaux de la Ville : l’Eglise Saint Pierre, la Porte de Trèves , l’Aile Vangeluwe, la Maison Mathelin.
A proximité de chaque sculpture, un panneau indique son titre et sa situation dans le parcours.
La référence constante à la naissance est une caractéristique inévitable de la nature
humaine.
Chez Annie Palisot °1932, le temps d'avant le temps n'est pas un état chaotique. Sa
conception du commencement ne suggère ni le désordre de la nuit, ni le règne de
l'informe douloureux.
Sa sculpture parle d'une maturation sans heurts. Chez elle, la première forme n'est pas
née du tumulte, mais d'une lenteur souple et inspirée.
Les outils d'Annie Palisot ne sont pas seulement la pointe et la masse, mais aussi la
main. Son approche de la matière s'effectue par un frôlement qui appelle la forme. Elle nous invite à partager son plaisir tranquille d'être devant la figure élue. Elle ne tente pas de nous bouleverser indûment. Elle suggère que ce qui est en deçà et au-delà de toute inquisition ; son regard nous aide à découvrir cette dynamique de la stabilité. Lorsqu'une forme se développe, on constate que celle-ci tente aussitôt un retour à une
forme antérieure. La forme est le souvenir de la forme. L'antériorité fournit à l'artiste la pulsion de la
création; c'est là un des paradoxes essentiels de sa démarche. Annie Palisot érige des propositions matérielles qui commémorent le temps. Elle maîtrise le flux et le reflux de la forme.
«L'homme pense parce qu'il a une main, », dit la philosophie antique.
Nous devons considérer I'œuvre et chaque sculpture d'Annie Palisot comme un
commentaire et une réflexion. Le monde d'Annie Palisot, nonobstant le support incontestablement matériel de sa
réflexion, reflète avec insistance la primauté d'une essence. Annie Palisot n'est pas tourmentée par la recherche de particularités inédites, de singularités foncières. Elle médite avec le matériau de l'intuition : elle vise l'adéquation. Son expression est aussi une introduction à ce qui la précède. Sa sculpture résonne des rumeurs d'événements pré-formels. 11 s'agit d'une sorte d'archéologie de l'intimité.
L'œuvre d'Annie Palisot affirme une félicité calme, un bonheur sans calcul. Sa sculpture est une révélation de soi par les voies de la quiétude : une sorte de réverbération innée nous confirme ce propos. Son exposé plastique ne s'égare pas dans le mouvement ; la matière, semble-t-il, continue de soutirer ses proportions de sa propre immobilité. Elle fait l’éloge du corps vertueux de l'immobile. Annie Palisot met au jour des conjonctures de l'évolution dont la nature n'est pas définie. Elle se souvient des formes qui sont restées muettes, mais réelles, dans le corps. Elle perçoit le murmure lisse des éléments qui sont à peine séparés de l'eau. Il n'y a aucune agressivité, aucun délire de séduction, aucune impétuosité rugueuse en elle. Elle témoigne d'une entité satisfaite.
Annie Palisot ne s’écarte de l’arrondi qu’à pas mesurés. Cependant, lorsqu’elle aborde une forme plus décisive, elle n’en conserve pas moins de fortes attaches avec la sphéricité originelle. Au reste, son oeuvre n'insiste guère sur le devenir de l'homme; elle ne lance pas celui- ci dans l'histoire. On remarquera aussi l'absence, sinon le refus de l'anecdote, du récit littéraire de la forme. Ce fait contribue à nous convaincre davantage de la qualité intrinsèque de son art. François Jacqmain.