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Still Not Out Of The Woods
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Shipsides and Beggs Projects
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Still Not Out Of The Woods
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Neal Beggs (I) et Dan Shipsides (GB) ont une pratique artistique axée principalement sur les questions du statut de l'artiste et de l'œuvre d’art.

L’expérimentation, prioritaire dans leur travail, et la recherche de nouvelles formes d’expression, se nourrissent  de la relation et des glissements entre leur quotidien, la vie ordinaire et l'univers de l'art.

Une projet d'escalade en montagne, un fait divers, une blague lors d'une discussion, un fait historique, une anecdote, une découverte, tout fait œuvre à partir du moment où cela est mis en scène et défini comme tel.

En puisant dans les codes de la culture populaire, ils tendent à désacraliser le statut de l'art. Celui-ci devient un droit universel pour tout un chacun, accessible et "produisible" par tous.

Ils attachent une grande importance au " fait main" en référence à l'artisanat mais également aussi à la transformation de l’objet, à l'esthétique et à la narration.A contrario d’une pratique qui s’est développée avec l’avènement de l’art minimal dans es années 70 et de plus en plus répandue chez certains artistes de sous-traiter leur production à des techniciens ou directement à des industriels, Neal Beggs et Dan Shipsides redonnent toute sa valeur à une production personnelle. Face à une intellectualisation de l’art qui déshumanise jusqu’à sa production, Ils revalorisent le plaisir dans le faire: être en relation et acteur de la transformation de la matière. Art, artisanat, artisan d'art, artiste, ils manipulent les codes en revalorisant l'importance de l'esthétique, du plaisir et du partage.

L'art est vecteur de communication, il est politique, économique et social d'où cette fonction, importante pour eux en tant qu’artistes, d'être des  "capteurs et des re-transcripteurs", des "catalyseurs" de notre société gardant un regard critique vis à vis de celle-ci mais aussi vis à vis de la mondialisation, des abus de pouvoir en tous genres et de l'écologie.

 

Still Not Out Of The Woodsdécoule d’un projet de recherche d’escalade mené par le duo dans les Dolomites italiennes, parmi les paysages et vestiges de la première Guerre Mondiale.

Dans cette région se trouve un chemin d’accès militaire ancien appelé Via Ferrata, la voie ferrée. Différentes voies d’escalade pour gravir les sommets ont été aménagées au moyen de câbles, de rampes et d’échelles métalliques et des tunnels y ont été creusés dans la roche afin de servir de voies d’approvisionnement durant les batailles en 14/18.

Le projet d’installation, qu’ils ont conçu pour L’Orangerie, est directement relié à l’idée de la Via Ferrata par le fil de fer, le câble. Celui-ci crée un lien physique et virtuel entre les différents éléments qui composent l’installation : une vidéo, une chanson, une bicyclette, une guitare, autant d’objets dérivés, mutés, transformés, contextualisés et connectés avec l’histoire, la culture, la politique et leur proposition. Ce travail plastique ressort d’un processus créatif ouvert, désordonné, expérimental et collaboratif, mené par les deux artistes.

Le fil de fer et la corde de guitare (ré)sonnent comme une partition sonore de Still Not Of The Woods. Ce son, en référence à la techno culture, forme une frontière acoustique telle une arme… de contre-culture

 

Le vélo fait également partie de cette installation. La fabrication industrielle de la bicyclette, rendant ce moyen de transport et de communication bon marché et accessible, a eu une fonction émancipatrice populaire à l’origine de l’essor de la mobilité personnelle et de l’expérimentation de la vitesse. En parallèle, le vélo a favorisé les regroupements collectifs (le peloton en est l’expression ultime alliant énergie et masculinité) et la création des premières courses cyclistes dont la célèbre classique Liège-Bastogne-Liège.

La bicyclette a eu un rôle important également durant la première Guerre Mondiale, par exemple l’UVF (Ulster Volunteer Force) un bataillon cycliste de volontaires irlandais créé en 1914. De même, certains artistes futuristes tels que Umberto Boccioni ou Luigi Russolo, enrôlés dans les armées britanniques et italiennes ont aidé à former le Bataillon lombard de cyclistes bénévoles.

C’est au début du 20èmesiècle que des artistes de l’Avant-garde, comme Alfred Jarry et Marcel Duchamp ont récupéré et détourné cet objet manufacturé pour en faire des œuvres d’art. Roue de bicyclette, 1913 est le premier ready-made et peut-être considéré également comme une des premières œuvres de l’art cinétique.

Un autre élément présent dans l’installation est l’utilisation de la vidéo. Elle combine et oscille entre une forme de documentaire décontracté, puisant dans l’expérience vécue des artistes par des images d’archives et une sorte de vision picturale kaléidoscopique et psychédélique; le kaléidoscope faisant également référence à son utilisation dans les traitements médicaux expérimentaux des traumatismes pendant la première Guerre Mondiale. C’est également à cette époque que se développent grâce à ces nouveaux moyens de communication comme la téléphonie, la production sonore, la radio et le cinéma, de nouveaux outils de propagande visant à l’exaltation des foules, à la harangue des soldats ou à la démoralisation des troupes ennemies.

Le travail de Neal Beggs et Dan Shipsides ne se veut pas uniquement enraciné dans les références et les interprétations. Ils sont dans une recherche artistique basée sur l’expérimentation et le vécu. Leur collaboration leur permet de partager des idées, des matériaux, des compétences tout en gardant chacun leur individualité. Ces éléments de leurs pratiques artistiques individuelles sont détectables mais ils travaillent de manière à partager ensemble la responsabilité et la paternité de l’œuvre.

Dan Shipsides pratique dans son travail une relation créative à l’espace, à son expérimentation au récit que suggère le lieu. Il vise à produire des œuvres-paysages sur la base de cette expérience.

Neal Beggs se défini, lui, comme un peintre à la recherche d’une nouvelle méthode de travail, à la recherche d’un résultat authentique, il tente d’engager la nature, de la stimuler en une expérience vécue.Artiste sans atelier, l’exposition est pour lui le prétexte à présenter de nouvelles associations de formes plastiques et de médiums. Les différentes invitations lui permettent de reprendre son ouvrage là où il l’avait laissé. L’œuvre est pour lui l’ensemble de ce processus.

Ce processus de création ouvert et collaboratif propose un genre nouveau du statut de l’œuvre d’art: celle-ci s’émancipe d’une vision traditionnelleque nous avons de l’œuvre.

Neal et Dan s’inscrivent dans le courant de pensée tout peut devenir art: une recherche artistique formelle, une expérience vécue avec un engagement personnel, de la matière et des formes de réalisations. Leur démarche renvoie à cet écart entre l’art et l’objet, notamment par leur volonté du fait main, du bricolage et de l’artisanat.

L’escalade telle que la pratiquent Neal et Dan n’est pas seulement une recherche d’exploits et de sensations sportives. Etre en connexion avec le paysage, la nature, avec l’histoire, être attentif aux expériences vécues, tout fait œuvre et pratique artistique. Leur démarche permet de considérer l’expérience de l’escalade comme faire de l’artet de donner une fonction esthétique à l’escalade, loin de l’art institutionnalisé, mais pas nécessairement en conflit avec celui-ci.