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Une Province, Trois Identités
Pascal Leyder
Christopher Beauregard
Rohan Graëffly
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Événement

 

 
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Vue du Stand
 An economic relation, modeled as a series of descending
Liminal Luminol
Shared wealth, as described by a model of mutual aid with an aspirational courgette stack

Du 9 au 12 novembre, L’Orangerie était à la foire d'art contemporain du Luxembourg aux côtés de La « S » Grand Atelier et le CACLB, avec le soutien de la Province du Luxembourg. Nous y présentions une proposition commune : 

 

UNE PROVINCE 

TROIS IDENTITÉS

 

Pascal Leyder, Christopher Beauregard et Rohan Graëffly brouillent les frontières d’un quotidien dont ils remodèlent les objets en faisant mine de n’y pas toucher, avec finesse et légèreté; un quotidien qu’ils nous permettent ce faisant d’appréhender dans toute sa déconcertante exceptionnalité et dont ils soulignent, chacun à leur façon, le côté excluant. Sous le feutre de Pascal Leyder, les lettres déjouent nos attentes, leur fonction signifiante et s’émancipent de leurs alphabets. Déconstruites et reconstruites, elles renaissent en images, pictogrammes ou idéogrammes à jamais nimbés de mystère, et nous redeviennent visibles. Le lettrage envahi la feuille, comme un pied de nez à l’omniprésence, à la toute puissance, de la langue écrite, parlée, dans un quotidien dont sont exclus ceux qui, comme l’artiste, la maîtrisent trop peu. Il n’importe ! En dessinant les lettres, Pascal Leyder dit et les fait siennes avec éclat. Pot de chambre, décrottoir, échelle aux chandelles brûlant par les deux bouts, baguette au levain et courgettes... ambitieuses sont autant d’instruments au service d’une œuvre qui ne l’est pas moins. Christopher Beauregard dit le trop, le trop peu et le trop plein de temps, de travail, de charges, de peine, de pain. Artiste de la narration, il recrée du récit, du lien entre le passé, le présent et les projets, entre les effets et leurs causes, entre les vivants et les morts et leurs lieux de survie. Il donne à voir l’absurdité et la magie noire du quotidien réenchanté de sept virgule sept milliards de boulangers. Rohan Graëffly, enfin, va droit au brut. Enseigne drapeau Goldman Sucks, crotte de chien coulée en bronze ou barquette de frites mayo ironisant sur le compromis à la belge... L’artiste transforme le réel en le refabriquant par association, collage et juxtaposition d’objets, de mots, d’idées. Faisant volontairement fi des dentelles, il dénonce un quotidien hanté par la violence de la religion, du capitalisme et du patriarcat, et balayé par le grand vent brassé par de vaseux communicants qu’il arrose de traits d’un humour acerbe et désabusé.

Pascal Leyder, Christopher Beauregard and Rohan Graëffly blur the boundaries of everyday life, reshaping its objects with finesse and lightness with apparent casualness. They allow us to perceive everyday life in all its disconcerting exceptionality and highlight its excluding aspects, each in their own unique way. Under Pascal Leyder’s skilled hand, letters defy our expectations and their signifying function, emancipating themselves from their alphabets. Deconstructed and reconstructed, they are reborn as images, pictograms, or ideograms forever shrouded in mystery, thus becoming visible to us once more. Lettering invades the page, as if to mock the omnipresence and omnipotence of everyday language. And society excludes those, like the artist, who do not master it. By drawing letters, Pascal Leyder brilliantly makes them his own. A chamber pot, a scou- rer boot scraper, a candlelit ladder burning at both ends melting down, a sourdough baguette, and an ambitious zucchini... ambitious become as many all tools in the service of an equally ambitious body of work. Christopher Beauregard delves into themes of excess, scarcity, and the passage of time; exploring the daily burden of work that arrives fresh like just baked bread. As a narrative artist, he reconstructs a story, bridging the gap between the past, the present, and future projects, between effects and their causes, between the living and the dead and their places of the struggle for survival. He reveals the absurdity and dark magic within the re-enchanted daily lives of seven point seven billion bakers. Rohan Graëffly on the other hand, delves straight into the raw aspects of life. Whether it’s a Goldman Sucks flag sign, dog poo cast in bronze or a tray of mayo fries meant to mock the ironizing Belgian-style compromise, the artist transforms reality through association, collage and juxtaposition of objects, words and ideas. With deliberate disregard for subtlety, he denounces a daily life haunted by the violence of religion, capitalism and patriarchy, swept along by the powerful currents generated by slimy communicators, whom he satirizes with strokes of acerbic, disillusioned humor.

Delphine Mélon, oct. 2023

 

Luxembourg Art Week _ Stand Take Off D15

Glacis Square (Fouerplaatz)
L-1628 Luxembourg
Luxembourg