Body
Chemin
Allégresse et promptitude
Thierry Grootaers
Peinture
Charlotte Marchand
>

 

 
Chemin
Sans titre
Diptyque Indien, 300 X 150 cm , technique mixte, 2017
Danse,146 x 114 cm, techniques mixtes, 2016
Nichoir, 100 x 100 cm, huile sur toile, 2019
Woningen, 90 x 100 cm, huile sur toile, 2018

Voici la troisième exposition d’un cycle de binômes que nous consacrons cette année à la peinture et au dessin. Allégresse et promptitude, jubilation et prestesse. Les univers chromatiques que nous proposent Charlotte Marchand  et Thierry Grootaers  donnent le ton. Des grands formats et la peinture, en plein, fuse, instantanée, directe et puissante. La peinture nous immerge et nous transborde d’un univers bigarré à un environnement aseptisé. Sans nous ressaisir, nous glissons d’une surface à un jus, d’un collage à un volume ou à un autre archétype pictural. Charlotte et Thierry aiment la matière/peinture, cette pâte que l’on peut diluer, étendre ou superposer à l’infini, transparente ou opaque, ordonnée ou éparpillée.

Avec générosité et élégance, ils aiment à nous dire qu’ils aiment peindre avant tout et parce que… Et puis voilà !

La peinture ne leur appartient pas.

Charlotte Marchand (Toulon 1968, vit et travaille à Bruxelles depuis 1995) réalise sa peinture comme des tapisseries, des collages emplis de motifs graphiques et floraux, de manière empirique, ludique et dans un rythme soutenu. L’espace bascule perpétuellement d’un plan à un autre. Ils se superposent, se réservent ou s’appliquent comme un pochoir et passent d’une architecture organique à une architecture géométrique. La peinture de Charlotte se construit de façon intuitive, au fur à mesure de l’application de celle-ci sur la toile. Les compositions d’apparence aléatoire sont tout aussi contrôlées, structurées voir orthonormées. Ces paradoxes et contre-pieds en créent tout l’attrait. Nous basculons, tout à la fois, d’une abstraction mentale à un paysage abstrait dans lequel discrètement, la figuration nous harponne par la silhouette d’une montagne, d’un bosquet, d’une toiture ou d’une ligne d’horizon. Il y a une tension rageuse et délicate qui nous projette juste à coté d’une peinture décorative qui a subi ce petit glissement, cette tache, ce léger hors cadre. Cette dynamie nous bouscule dans ses tons pleins et riches, dans sa facture généreuse et entière.

Chez Thierry Grootaers ( Bilzen 1974, vit et travaille à Haccourt), nous sommes dans une peinture figurative, faite d’intérieurs cosy, de maquettes architecturales, de sculptures et de jeux. De la peinture dans la peinture, une voiture, une bimbo, un chien, autant de sujets anodins que nous trouvons dans les revues, chez notre médecin de famille, chez nos amis, nos voisins. Ils offrent à Thierry l’occasion de proposer des scènes de genre et du quotidien. Ces sujets n’en sont pas moins de grands classiques en peinture et les mises en abime ne le dérangent pas plus. Les icônes d’une société bien huilée où la consommation et les symboles matérialistes s’appliquent comme des décors cinématographiques sur toile sont toujours en bonne compagnie d’un aplat pour ne pas perdre de vue le support.

Image, image quand tu nous tiens. Serait-ce de la propagande picturale ou une bonne pub pour une réussite sociale? Il n’en faut pas moins à Thierry Grootaers pour nous faire rentrer  dans ses associations de couleurs subtiles et compositions léchées. Chaque sujet a sa propre facture et sa peinture en est presque plus matière que sujet. Du dessin à la peinture en passant par la sculpture, les sujets récurrents se télescopent d’une dimension à une autre.

Charlotte Marchand et Thierry Grootaers sont peintres et se nourrissent tout deux de leur quotidien, de ce qui les entoure et les anime. Ils connaissent la peinture et les techniques du peintre, ils s’en jouent et en jouent pour notre plaisir, ils nous proposent de regarder autrement. Qu’est-ce que la peinture, un consensus ou un décorum? Gauthier Pierson

En collaboration avec la Galerie Yoko Uhoda, Liège, Knokke