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Vue de l'exposition
Les plis intérieurs des chemins
Marianne Ponlot
Installation
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Marianne Ponlot °1959

Les plis intérieurs des chemins.

Marianne Ponlot écrit: «l’univers est éphémère à l’infini». De l’un et de l’autre, de l’univers et de l’infini, du clos et de l’ouvert, de l’intérieur et de l’extérieur, du flux et du reflux, la mémoire est ce qu’il nous reste en dernier, parce que la mémoire sait notre ténuité et notre insignifiance face à l’infini, parce qu’elle seule peut fixer la succession des instants en un éternel présent.

Les territoires de la mémoire sont sillonnés par l’art, de plus en plus exilé de son objet - la nature, le beau,...- fuyant un univers en perpétuel effondrement par le nomadisme et l’errance volontaire. Marianne Ponlot œuvre pour une «reterritorialisation» de l’art -selon l’expression de Deleuze et Guattari. A ce titre, elle se méfie de l’hermétisme et de la distanciation conceptuelle auxquels se vouent tant de démarches, et inscrit sa recherche dans un rapport constant à la nature et à la vie.

Dans ses installations, elle s’éprend des surprises que la nature impose à la vie, comme des tragédies minuscules reposant sur des équilibres fragiles et presque impondérables: aussi légers que ses récipients à recueillir la rosée, aussi discrets qu’Ophélie en son jardin d’amour (installationà Jehay, juin 2001), dont on pressent le corps dans l’étang fatal couvert des coupes de nénuphars en paraffine.

Délimiter ou comprendre un territoire, c’est l’arpenter, établir une complicité, avoir accès à ses replis et à ses accidents. Art, mémoire et nature ont leurs chemins intérieurs, dissimulés dans les replis de leur territoire, et que la violence à leur égard ne peut révéler. Marianne Ponlot refuse l’intervention monumentale sur un site parce que ceci est une transgression de l’intégrité de la nature. Elle s’installe moins qu’elle ne s’insinue, par respect. Ses œuvres participent à un processus; ce sont des expériences «avec-» et non pas «contrenature». Sa seule concession à l’artifice est l’usage de la paraffine, qui procède de la chimie du minéral, produit fossile conservant toutefois un degré de «naturalité», et qui a les attributs de diaphane, léger, frêle et virginal. L’art est un accouchement de l’esprit. C’est l’esprit en gestation, prisonnier de l’ego, qui se fraye un chemin vers l’extérieur pour fusionner avec la nature. L’art est un parcours. La vie est un parcours, qu’on appelle voyage parce qu’on espère ardemment d’elle un but. Georges Fontaine