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Vanessa Gandar, François Génotypes
La langue rhône
François Génot
Vanessa Gandar
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Vanessa Gandar, François Génotypes
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Une exposition de Vanessa Gandar & François Génot 

Cette exposition prend sa source aux confins du Rhône où Vanessa Gandar et François Génot ont mené des recherches de terrain. A partir d'expériences, de relevés et d'inventaires les artistes croisent leurs regards sensibles sur les conséquences des mutations élémentaires à l'oeuvre depuis les glaciers jusqu'au interstices de la vallée.

 

 

Les artistes français Vanessa Gandar (°1982) et François Génot (°1981) fondent leur travail artistique sur l’exploration de terrain. Ils s’intéressent à la nature comprise comme un tout, faite d’interactions entre tous les éléments qui la composent : végétaux, minéraux, animaux, humains, phénomènes naturels, etc. Par leurs oeuvres, les artistes révèlent l’existence de ces interactions, de ces langages particuliers du vivant qui tracent dans le paysage des histoires dissimulées. Ils nous les donnent à voir de manière sensible et proposent, à travers leur regard singulier, une nouvelle compréhension des milieux qui nous entourent. 

À l’occasion de leur première exposition en duo à L’Orangerie, Vanessa Gandar et François Génot réunissent les résultats de leurs recherches respectives réalisées lors de leur résidence artistique à la Ferme-Asile* (Sion, Suisse) et situées dans les paysages de la vallée du Rhône. 

Au gré de ses expéditions dans le Val d’Hérens, Vanessa Gandar a photographié les indices de présences et de mouvements qui ont lieu sur les flancs des montagnes : traces de passages d’animaux, de chutes de pierres, de présences végétales, mais aussi d’interventions humaines comme le placement des géotextiles dont l’objectif est de protéger la montagne, mais causent, paradoxalement, des dégradations. Les récits se croisent, s’additionnent, se confrontent et créent une autre histoire de la vallée du Rhône. 

Les fusains de François Génot, déclinés sous différentes formes, allant du dessin monochrome à l’installation sonore, font l’état de la végétation d’un lieu et d’un instant donné. Cet inventaire carbone matérialisé des essences végétales présentes dans des lieux indéterminés de la vallée du Rhône forme la mémoire du lieu. Ces friches portent des histoires de résistance de cette vie végétale qui se réapproprie les espaces rythmés par les aménagements humains. 

En suivant le cours du fleuve Rhône, depuis le sommet des montagnes jusqu’au creux de la vallée, les artistes révèlent les histoires sous-jacentes des mouvements et des transformations de ces paysages. “La langue rhône “ est autant cette langue glaciaire qui se déverse et se retire, que la genèse et la dégradation d’une biodiversité spontanée et précaire. C’est ainsi que le Rhône devient verbe, une langue singulière, la source de récits sensibles, une ode à la prolifération du vivant. 

Par leur attachement aux récits de notre environnement, qu’ils transmettent au moyen de leur art, Vanessa Gandar et François Génot invitent le spectateur à la contemplation et à la réflexion au sujet de notre place dans cet écosystème. 

 

Abigaëlle Grommerch 

 

* Vanessa Gandar et François Génot ont bénéficié de la Résidence Internationale du Centre artistique et culturel Ferme-Asile à Sion en Suisse, respectivement en 2022 et 2023 : https://ferme-asile.ch/la-ferme-asile/. 

 

 

            Le paysage très particulier des sources du Rhône est arpenté par deux interventions singulières, dans une esthétique minimale voire conceptuelle. Le travail de Vanessa Gandar prend une tournure d’observation photographique et non interventionniste, tandis que François Génot adopte une attitude systématique de récupération de matières naturelles ou d’intervention en collaboration avec la nature. 

            François Génot propose une appropriation des essences d’arbres témoins de la transformation et de l’impact humain sur ce paysage et actrices de résistance et preuve de résilience. D’un paysage certainement profondément entropique, est traduit ici une collection précieuse de fusains très soigneusement exposés. Leur texture et leurs variations de noir sont dessinées sur papier et mis en regard de quelques fusains, accompagnés de leurs boites  de conservation respectives et détaillant dans un langage scientifique précis l’origine exacte et l’essence de l’arbre. L’intention artistique se dilue ou se dissout dans l’installation minimale, sérielle, systématique et donne à ces fusains une allure précieuse et contraste radicalement avec ses origines particulières. Les fagots sont placés de manière aléatoire dans l’espace d’exposition, donnant un allure spirituelle. Le contraste est d’autant plus grand avec l’étagère de fusains, matériaux de création précieusement conservés. Quant aux dessins tracés par le gel, l’interaction entre l’homme et les phénomènes naturels prend forme, au travers d’une abondante série. 

            Le géotextile, quant à lui, rappelle dès le premier regard les gigantesques interventions de Christo et Jeanne-Claude dans les espaces naturels, la Wrapped Coast par exemple. Entre art et science, Vanessa rapporte cet objet humain, qui nous parle de ces tentatives de protection de l’environnement sans succès voire dommageable. Cette langue à travers l’espace force le spectateur à marcher au-dessus, à sentir sa présence, entouré des fagots d’essence d’arbres glanés par François Génot. Sans jugement, sans critique ni revendication, ce textile est posé, comme objet sculptural voire graphique ou pictural, au gré des couleurs minérales qui s’y sont déposées. Les plis formés par ce textile et les traces minérales semblent imiter les nervures naturelles et répond aux photographies qui bordent l’espace. 

            Vanessa Gandar et François Génot explorent ce site singulier des sources du Rhône marqué par l’activité humaine. Ils glanent tous deux des ressources naturelles, minérales et végétales. Ils mettent en exergue la minéralisé comme témoin des interactions humaines avec son environnement, et les végétaux ou le phénomène du gel, comme possibilités d’autres collaborations avec les ressources naturelles. 

Hélène Jacques