« On ne guérit pas parce qu’on se souvient, on se remémore parce qu’on est guéri » J. Lacan
Un jour, on a l'âge de ses parents, je veux dire l'âge qu'ils avaient lorsqu'on était enfant et peut-être qu'un enfant nous appelle maman/papa. Un jour, on se souvient de l'amour qui nous a manqué, des mots qui ont laissé des maux, des larmes qui plongent dans le sommeil, de l'absence ou du trop de présence, de la violence. Un jour aussi ce souvenir s'apaise, et avant même qu'on en ait pris conscience, il évolue progressivement en besoin de partager, de raconter.
Se raconter lorsqu’on est plasticien c’est faire appel au langage visuel. Celui-ci, qu’il soit photographique, textile, pictural ou filmique, se transforme en trace autobiographique. Ce récit individuel, s’il relate avec pudeur et poésie, s’il préserve ses qualités plastiques et s’il dévoile pas à pas son sujet au spectateur attentif à qui il laisse le temps d’être touché, devient oeuvre universelle.
Cette force et cette volonté de raconter réunissent les travaux de Nastasja, Natalie et Fabesko. Toutes trois parviennent, grâce à une sensibilité et une esthétique singulière, à exprimer l’indicible, à rendre compte de la mémoire personnelle et des souffrances intimes. Toutes trois prennent le risque de révéler leur histoire, elles ont le courage de se montrer vulnérables et de tenter la confiance et l’amour comme chemin de création.
Dorothée van Biesen, commissaire d'exposition
Quelques mots sur notre seule exposition récurrente de la saison depuis plus de 10 ans : Ah… l’amour ! C’est intéressant de se confronter, chaque année, à un même thème universel et y aborder les multiples facettes de la perception de l’amour, du désir de le vivre ou de le sublimer. C’est aussi l’occasion d’aborder le sujet sous d’autres angles. L’amour hélas, ne génère pas que des papillons dans le ventre. Cette année nous avons invité Dorothée van Biesen, artiste, mais pour l’heure, commissaire de l’exposition. Elle nous propose un regard, sans concession, sur des dérives traumatiques liées à la parentalité. Sans nul doute, cela nous confronte, nous renvoie à des réalités étouffées. Elles nous interpellent quant à nos capacités d’individus et de notre société à se comporter et/ou intervenir. Nastasja Caneve, Fabesko et Natalie Malisse, sous la houlette bienveillante de Dorothée van Biesen, nous emmènent dans des zones sombres avec dextérité et élégance, sans voyeurisme. Sous une forme 'd’art thérapie', pour qui le souhaite, c’est avec cette déclaration tonitruante et flamboyante à l’amour de la vie que ces femmes clament leur liberté. Enfin comme une signature, un coin lecture dédié à la jeunesse, au sein de l’exposition, offre un temps au dialogue et à l’échange.
Gauthier Pierson