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La lune est libre
Martine Feipel & Jean Bechameil
Sculpture
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Duo d’artiste Franco-Luxembourgeois (1975°, 1964°), depuis 2008 ils vivent à Bruxelles et jouissent d’une reconnaissance internationale. Cet été, L’Orangerie deviendra leur terrain de jeux pour notre plus grand plaisir. Le duo nous proposera un état des lieux de leur production actuelle. Ce sera l’occasion de redécouvrir leur travail et de mettre en perspective la magnifique intégration pérenne de Moon in the tree au quartier de l’indépendance. Gauthier Pierson

 

Martine Feipel et Jean Bechameil réalisent en duo des installations où se mêlent l’illusion, l’imaginaire, l’instable et l’illogique, au sein des lieux quadrillés et contrôlés du monde contemporain. Sculpteurs mais aussi chercheurs et ingénieurs amateurs, habités d’une grande sensibilité à la théâtralité du monde et ses beautés, ils créent des œuvres dans une approche socio- historique, esthétique, politique et technique.

Alliant leurs nombreux savoir-faire dans des domaines variés – le dessin, la sculpture, l’ingénierie, la mise en scène, le son –, Martine Feipel et Jean Bechameil produisent une œuvre aussi formellement aboutie que fortement engagée. En tant qu'artistes, ils n'ont pas de certitudes sur les modèles sociaux et culturels mais ils interrogent sans cesse nos modes de vie à travers des thèmes tels que le cadre social et collectif, les formes d'architecture que les gens occupent et les objets qui nous accompagnent dans notre quotidien, le paysage qui nous est présenté et les espaces de liberté qui nous sont donnés. En tant que hackers de la robotique, Feipel & Bechameil proposent une réappropriation sensible de l'univers technologique par un geste éminemment politique : s'emparer de l'expertise et du savoir-faire de la robotique industrielle pour les appliquer à la création d'œuvres d'art qui inventent notre monde autrement.

Dans leur œuvres les plus récentes la nature et le vivant prennent une place centrale dans leur réflexion. Il ne s'agit plus de savoir comment la modernité a changé notre rapport au monde, mais comment la modernité a bouleversé notre environnement et mis en péril toute forme de vie. Les artistes souhaitent consciemment modifier notre regard sur les formes de vie les plus simples qui nous entourent et glorifier la vie sous ses différentes formes. En appréhendant leur environnement dans ses formes les plus brutes et les plus épurées avec une expression imaginée, fantasmée et rêvée, ils espèrent leur conférer une sorte de mystère divin. Inspirés par la représentation énigmatique de la nature dans l'art de l'antiquité, ainsi que par les premières théories d'Héraclite qui considéraient la nature comme divine, dissimulée dans un comportement qui garde de nombreux secrets à l'intérieur.

L’exposition La lune est libre regroupe une sélection d’œuvres récentes dans une mise en scène spécialement conçue pour les lieux. L’exposition abordent ces questionnements autour de la modernité et de notre rapport au monde pour ainsi ouvrir de nouveaux espaces de réflexion. Comme à leur habitude, les propositions de Martine Feipel & Jean Bechameil font un détour par l’imaginaire des récits fictionnels pour mieux nous ramener à nos réalités contemporaines, et nous confronter à leurs défis.

 

 

            Martine Feipel et Jean Bechameil nous accueillent avec quelques vues et travaux préparatoires de l’installation publique vibrante, mise en place il y a deux ans dans un quartier de Bastogne. Le rapport à la vie de quartier, à l’urbain, est rapidement évoqué dans la performance, où ils se réinventent en peintres du bâtiment. Ils transforment une construction de José Luis Sert en une vaste composition animée de leurs formes de base de prédilection.

            La visite est ensuite rythmée par les couleurs pastel des œuvres ou par les couleurs plus franches des cimaises. Cette alternance met en valeur les reliefs monochromes ornés de formes abstraites ou graphiques répétitives. Le mouvement de moteurs hypnotiques anime certains reliefs, dans une chorégraphie rapide, créant de surcroît des compositions multiples.

            Le rapport à la nature est rapidement suggéré au travers des formes stylisées d’arbres et d'oiseaux, voire aux travers des nichoirs réinventés avec les formes de bases et des couleurs ludiques. Ce rapport particulier est d’autant plus précis avec Dreamers, une superposition de troncs posée sur un socle en bois massif. Les dichotomies se lisent gaiement, entre l’écorce rugueuse et la surface lisse, entre les nœuds émaillés, les creux en biscuit et la boule rose, qui éveille les sens. L’ensemble est surmonté d’une forme qui remémore les sculpteurs modernes comme Mirò.

            Depuis l’entrée de l’exposition, des sons relativement distordus émanent de la rotonde, d’un immense haut-parleur central et dirigé vers la grande salle d’exposition. Cet objet est encerclé de fanions en tissus colorés, ornés de slogans, de motifs tranchés et significatifs, chacun suspendu à l’aide d’un outil de jardin. Les artistes appellent à repenser le futur à l’aide de la folie et du hasard.

Hélène Jacques