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Jean Glibert
Intégrations permanentes
Jean Glibert
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Événement

 

 
Jean Glibert
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Une création d’exception qui s’inscrit au coeur de l’architecture du Pôle Culture

Artiste belge majeur, Jean Glibert a consacré plus de cinquante ans à explorer les rapports entre peinture, espace, architecture et lumière. Formé à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre dans l’atelier de peinture monumentale dirigé par Paul Delvaux, il orienta très tôt sa pratique vers une intégration artistique étroitement liée à l’environnement. Dès la fin des années 1960, il s’engage dans une démarche radicale : faire sortir la peinture de la toile pour l’inscrire dans les lieux de vie, qu’ils soient publics, fonctionnels ou traversés au quotidien.

Depuis de nombreuses années, L’Orangerie, espace d’art contemporain, entretient une relation privilégiée avec Jean Glibert. En 2012, il participe à l’exposition Mais que cherchent-ils ?, où il présente des collections d’objets du quotidien autour de la couleur et de la fonctionnalité, révélant sa capacité à faire dialoguer art et usage. En 2020, il est invité à imaginer une œuvre contemporaine pour la chapelle Saint-Cunibert à Bizory, récemment restaurée. Séduit par la sobriété et la spiritualité du lieu, il conçoit un projet à la fois radical et respectueux, parfaitement en harmonie avec l’architecture. Bien que non réalisé, ce geste témoigne de sa générosité, de sa créativité et de son profond respect du contexte.

Son travail, qu’il qualifiait lui-même de peintre en bâtiment, ne se résume ni à la décoration ni à l’ornement. Il s’agit d’une réflexion fine sur la manière dont la couleur, la matière, la lumière et la forme peuvent transformer notre perception de l’espace. Il défendait une vision profondément démocratique de l’art :

« La peinture qui n’est vue que par un public restreint n’existe pas, la peinture n’est ni l’émanation d’un individu ni le privilège d’une classe sociale : la peinture est un bien collectif. Donc, la peinture sera là où notre vie est, là où elle peut être vécue par le plus grand nombre : l’architecture en somme. Elle sera élément de l’instant. »

Ce principe a guidé une œuvre prolifique, forte de plus de 200 interventions dans l’espace public et architectural. À Bruxelles, en Wallonie et au-delà, ses collaborations avec de nombreux architectes ont donné naissance à des œuvres intégrées à des stations de métro, des écoles, des hôpitaux, des universités, des bâtiments publics. Chacune de ses propositions était pensée sur mesure, en dialogue avec le lieu, ses usages, ses rythmes et ses contraintes.

En 2023, Jean Glibert est sollicité par Pierre Hebbelinck, architecte du Pôle Culture de Bastogne, pour réaliser deuxinterventions permanentes dans l’aile Vangelhuwe, nouvellement réhabilitée. La première, une composition graphique, prend place sur les murs de la cage d’escalier ; la seconde consiste en une intervention colorée sur les fenêtres extérieures. Celle-ci répond à une demande spécifique de l’architecte : libérer les murs intérieurs pour créer davantage de cimaises, permettant ainsi une meilleure mise en valeur des expositions. Ces œuvres, réalisées par Guy Zinnen, financées par Idélux et accompagnées par Pierre Hebbelinck et L’Orangerie, furent ses dernières interventions artistiques, conçues avec la précision, l’élégance et l’humilité qui caractérisent l’ensemble de son œuvre.

Jean Glibert s’est éteint le 20 janvier 2024, laissant un héritage d’une rare cohérence et d’une grande puissance. Son travail, mêlant rigueur méthodologique et émerveillement poétique, continue d’éveiller nos regards et d’enrichir notre expérience quotidienne des lieux.