Echanges entre art et ruralité
Certains artistes s’inspirent du monde rural, il y vivent ou, sinon plus simplement, celui-ci les inspire. D’autres en sont directement issus: agriculteur-artiste ou artiste-agriculteur, artiste de la campagne ou en campagne artistique. Il nous intéresse de présenter ici des artistes qui se confrontent à la ruralité, par choix, par passion et ou par proximité. Peinture, sculpture, dessin, photographie, broderie, installation et vidéo.
René Remacle, 1938 est cultivateur et photographe depuis l’âge de 18 ans. Il ne se sépare jamais de son Leica avec lequel il capture des instants de la vie agricole en Ardenne juché sur son tracteur ou dans l’étable. Témoin privilégié de l’évolution de l’agriculture dans nos régions, il nous donne à voir des images prises “ au naturel” débordantes d’humanité et d’un certain art de vivre, au plus près de la nature. Les images montrées dans l’exposition racontent les années 60.
Bertrand Gadenne, 1951, VIDEO, Bertrand Gadenne développe un travail dans lequel la vidéo invite le spectateur à retrouver soit dans un lieu d’exposition, soit au détour d’une rue, un émerveillement depuis longtemps oublié: celui de la matérialisation d’une image projetée. Un hibou entr’aperçu ou entendu un soir d’été, une rencontre privilégiée avec cet oiseau familier de nos campagne mais discret.
Jean-Philippe Tromme, 1980, Ma démarche actuelle de sculpteur se concentre sur la transformation de la matière et la multiplicité de sens et perceptions qui en découlent. La pièce au premier degré n’est qu’un prétexte, l’important est de saisir le reste, l’essentiel et l’imperceptible….Je mène une recherche sur l’espace et le vide, le contenu et le contenant, faite de pièces fines et tout en transparences, souvent à l’opposé de l’usage courant que l’on fait du bronze. «Le jardin de mon père » est une oeuvre en cours, un «work in progress» qui évolue et s’agrandit au fil des saisons et du temps qui passe. C’est un herbier en volume où chaque plante est saisie dans le métal comme un instantané au sein d’un cycle de vie. On se trouve au croisement entre un bronze en devenir et une plante disparue, dans le réel qui dialogue avec sa représentation imparfaite. Il s’établit, ainsi, une relation en vis-à-vis qui souligne la trace laissée et la fragilité du présent. C’est une mémoire imparfaite d’un temps révolu, une recherche sur l’espace et le vide. Pascal Rivet,1966, figure atypique de l‘art contemporain français,
Pascal Rivet a toujours célébré le dialogue entre art et culture populaire: après s’être immergé dans l’univers du sport, il scrute le monde professionnel et ses icônes automobiles, à la fois urbaines et rurales. Les accidents de tracteurs sont réalisées au point de croix, à partir d’images de presse locale relatant ces faits.
Catherine De Launoit, 1943, brode pour raconter des petits moments de vie. Elle découvre les haïkus japonais, ces petits poèmes en prose de quelques pieds, cela nourrit son écriture. Les broderies deviennent des évocations suggestives de petits instants quotidiens et de la sensation, de l’émotion qu’ils ont provoquées. Si le sujet principal est toujours l’émotion devant « l’instant qui passe » , qu’il soit émerveillement ou tristesse, un autre apparaît tout naturellement au fil de toutes ces années passées à broder : le déroulement du temps.
Marylène Daussin, 1979, Mon travail s’inspire constamment de la nature. Ma démarche - dessiner une fois, cinq fois, dix fois ou plus le même dessin et le même endroit - est pour moi une manière de comprendre ce paysage. Je veux comprendre les nuages et leur organisation; la structure des montagnes; le fonctionnement des rivières; la manière dont un arbre a pris forme et s’est développé.
François Médard, 1961, carnets de voyage et peinture. Prenant toujours son atelier d’art avec lui - “Mon atelier c’est le monde extérieur” -. Le ciel est devenu son modèle vivant. Qu’ils soient traversés par un avion ou non, ses tableaux recréent aussi fidèlement que possible la lumière perçue du moment furtif d’un lever de soleil ou d’un crépuscule, une bataille de couleurs entre l’aube et le crépuscule, le fantasme ultime pour ceux qui ont déjà un pinceau dans leur main, des exercices périlleux qui ont hanté tant d’artistes. Peintre nomade, il privilégie l’aquarelle lors de ses nombreux voyages. Elle lui permet de capturer - en pleine nature ou sur le tarmac - un moment, une vision, une piste, ... “L’aquarelle, dit-il, contrairement à la peinture à l’huile, me guide pour que je devienne témoin du lien tissé entre les couleurs et le papier.”
Frédéric Fourdinier, 1976 (F) “less is more” installation, Sait-on au juste ce qu’est la nature? Qu’est-ce que ce terme évoque pour nous, aujourd’hui, occidentaux qui vivons majoritairement en ville ou dans une campagne très largement urbanisée? Quelle expérience avons-nous individuellement et collectivement de la nature? Frédéric Fourdinier développe un travail plastique qui se nourrit de ces questions. Des questions qui interpellent tout un chacun, qui paraissent simples et que l’on sait d’actualité, mais auxquelles on ne peut répondre d’emblée, signe du domaine qu’il y a là à explorer, appel pour des propositions à formuler. La nature fut de tout temps un sujet de prédilection pour les artistes. Elle fut le support tantôt de modes de représentation du monde tantôt d’expression d’idées ou de sentiments : elle fut une borne à l’aune de laquelle l’homme tâcha de se mesurer, ce afin d’évaluer tant sa condition que le temps et l’espace qui lui étaient impartis.
Xavier Martin, 1974, carnet de dessins Ce carnet a été réalisé il y a vingt déjà, pendant une dizaine de jours, un peu plus. Cent aquarelles et dessins représentant un temps d’émotions impulsives et de dialogues souterrains. Il est comme une esquisse de ce qui sera ma peinture par la suite, le paysage. Ce sera la première fois qu’il sera présenté dans son entièreté, vingt ans après.