Body
Sans titre
WIRE Où ailleurs / OUT Matières souples
Téo Van Keulen
Installation
Sofi Van Saltbommel
Multimedias
Stéphanie Jacques
Sculpture
Isabelle Linotte
Sculpture
Benoît Félix
Sculpture
Eline T´Sant
Multimedias
François Duplessis
Livres et pinces à linges
Jörg Coblenz
broderie
Elodie Antoine
Sculpture
Ellen Gieles
collages
Dani Tambour
broderie
André Delalleau
Installation
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Sans titre
Vue de l'exposition
Dessinvisible, dispositif lumineux
Fly With me
A maze is amazed, that the maze is amazing
Neurolines
Retournement en cours
Chopped head, broderie sur dessin
Griffes, peau de léopard et céramique
Feutre bilobé aux excroissances, feutre en laine mérinos rouge, 2016
Sans titre
Petite robe de la Libération brodée
Vue de l'exposition, Benoît Félix

WIRE Où ailleurs est né de la passion et de la volonté de Dani Tambour et Isabelle Linotte, artistes plasticiennes. C’est aussi le résultat d’un souhait, celui du Centre wallon d’Art contemporain, La Châtaigneraie (Flémalle) et de L’Orangerie, espace d’art contemporain (Bastogne) de travailler ensemble. C’est aussi une collaboration entre la Province de Liège et celle de Luxembourg. Le concept de structure souple, fil rouge de cette exposition, sort du champ strict du textile. Pour preuve, la quinzaine d’artistes venus de divers horizons artistiques et géographiques. Il en résulte un panel varié des techniques et des signifiants utilisés ainsi que la mise en scène spatiale des oeuvres, un concept ouvert sur l’art contemporain. 

L’explosion artistique des années 60 amena les artistes à rechercher leur inspiration dans le textile et à puiser des nouvelles pistes de travail dans les techniques artisanales des arts populaires. Sensibles aux rendus structurels de la matière textile et aux nombreuses applications qui en découlent, les artistes se les sont arrogés et les ont adjoints à des matières telles que le végétal, le verre, le papier, la résine, la céramique, la peau, le caoutchouc, etc. Wire Où ailleurs présente un panel d’artistes d’aujourd’hui inspirés par la matière souple et jouant allègrement des formes et des matières selon leurs desseins. Source intarissable à laquelle s’abreuver, elle propose aux artistes d’agir en sensibilité et liberté. Créant des objets à la charge émotionnelle, la céramiste Sofi Van Saltbommel y engage la notion de sacré et d’instinctivité. Les parures de terre noire et de fourrure synthétique agissent comme des amulettes égarant la magie noire tandis que les griffes en céramique du sauvage animal nous laissent craindre la puissance du fauve devenu gibier. Chez Hedwig Brouckaert l’utilisation du cheveu défie le simulacre. Le cheveu tombé parle de déclin mais s’il repousse, il se transmue en symbole de croissance illimitée. Découpant des photographies de chevelures soyeuses dans les revues en papier glacé, Hedwig Brouckaert les coud grâce à ses cheveux. Ensuite, les sculptures de papier sont assemblées avec des épingles de couturière et, tels des insectes, jaillissent des parois du mur. Ce travail, tout kafkaïen qu’il soit, parle autant de l’impermanence de l’être humain que de sa puissance à se régénérer. Eline ‘T Sand glane les objets épars afin de leur offrir une chance. Enduits et peaux enveloppent l’objet d’une forteresse de matière. Empreints d’humilité, il s’en dégage une force tribale, une nostalgie de l’éden disparu. L’objet chez Théo Van Keulen s’accompagne d’un héritage calviniste qui imbibe toute l’oeuvre. Entre rêve et réel, ses installations mêlent avec humilité les objets d’hier à ceux d’aujourd’hui et révèlent des fragments d’humanité. A la frontière du sociétal, ses environnements invitent, sur le pas de la porte, à nous décharger émotionnellement du fardeau familial et religieux. Les objets trouvés sont aussi pour Ellen Gieles une précieuse ressource. Dès lors, l’invention d’une histoire ancre ces derniers dans une relation inédite. Pointant du doigt les déchets de la société de consommation, la voici dans un second registre, questionnant le fondement même des rôles conditionnés par l’homme et la femme. Chez Stéphanie Jacques, vides et pleins se cherchent dans des rapports subtils. Travaillant le corps associé à la quête d’identité, ses robes sont des formes sans chairs. Complémentaires sans être intrinsèques, les vidéos portent le travail au-delà de l’image, invitant la part d’ombre dans la sphère privée de l’objet contemplé. Chez Dani Tambour, l’on ressent le besoin de saisir la vie à pleine main. Meurtrie par de nombreux décès, l’artiste brode les mains gauches des personnes qui ne sont plus là et qu’elle relie à d’autres mains, celles des vivants. Tentative de résurrection de l’être aimé, passerelle entre deux mondes, plus qu’un hommage, les broderies de Dani Tambour sont l’expression profonde de l’absence. Brodeur, Jörg Coblenz, l’est aussi mais différemment. Puisant son inspiration au sein des images quotidiennes, le fil chez Jörg Coblenz texturise son travail graphique. La broderie aux points réguliers contraste avec le support usagé et favorise un espace interstice. Si la chambre à air parle tant à Isabelle Linotte c’est probablement parce qu’elle se travaille en souplesse et en résistance. Incisé et brodé dans l’infime détail, le vêtement déjoue les pièges du destin. Malgré les épines qui bordent certaines des parties, c’est un message pleinement optimiste qui se dégage de la «Robe du crabe» tandis que dans «Aurore boréale» les points de broderie vert émeraude sont aussi imprévisibles que l’est le phénomène lumineux. Souple, le végétal l’est aussi sous l’oeil botaniste de Caroline Léger qui en a fait son matériau expérimental favori. Si le hasard prend bonne part dans ce processus créatif, des conditions très précises inscrivent la croissance des plantes guidées par le textile tuteur. Geste de sculpteur associé à celui de dessinateur profile une oeuvre où le trait s’incarne chez Benoît Félix. La découpe minutieuse des traits de crayon brouille les codes et métamorphose la forme. Ni sculpture, ni dessin et cependant cela. Le tour de force de Benoît Félix est de nous immerger dans des espaces-temps qui diffèrent. Au coeur du travail d’André Delalleau naissent des questionnements architecturaux. Le trait distend l’espace hors du cadre tandis que la combinaison des matériaux tels que clous, fils métalliques, transparence de la feuille permettent à l’habile binôme ombre-lumière d’exister en dehors des références académiques. Chez François du Plessis, objet visuel, le livre s’aborde comme contenant plutôt que contenu. Couleurs, formes et netteté de la découpe prédominent sur la narration. En résultent des installations vives aux formes sanglées. Quant à Elodie Antoine, elle utilise un vaste répertoire de techniques artisanales pour créer des espaces où les formes organiques s’agencent dans un environnement qui exalte la matière à vivre par elle-même. Confrontés à l’inattendu, nous voici voyageant au coeur d’un périple semi-conscient. Valérie Bacart, Directrice du TAMAT